2087 by David Bry

Auteur:David Bry [Bry, David]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Cyberpunk
Éditeur: Black Book Éditions
Publié: 2016-04-12T16:00:00+00:00

Jaillissant d’un trou dans le sol qui a remplacé depuis longtemps la sortie originelle du métro, sa crainte de ne pas trouver la petite église de Pantin s’évanouit aussitôt. L’ancien temple, dressé à quelques dizaines de mètres de là, est le seul bâtiment encore debout, perdu au milieu des décombres gris et noirs de l’ancienne zone résidentielle.

Il n’a rencontré personne dans les tunnels souterrains et ne voit toujours pas âme qui vive autour de lui. Convaincu d’être observé sans relâche depuis qu’il a pénétré dans les tunnels, cela l’inquiète cependant presque plus que s’il avait dû se cacher d’éventuels poursuivants.

Conformément aux conseils de son guide, il a revêtu le long manteau sombre supposé cacher son origine et son appartenance à la ville haute de Paris. Il s’est également équipé du masque à air qui, plus puissant que le sien, lui prend presque tout le visage, du menton jusque sous les yeux. À chacune de ses inspirations, il sent l’oxygène affluer jusque dans sa bouche et dans ses poumons. Il n’est pas le même que dans la cité. Il est plus dense, plus difficile à respirer, avec un goût presque métallique.

Est-ce à cela que ressemble l’air non traité ? se demande-t-il. Ou cette impression est-elle due à la nouvelle filtration ?

La brume, arrivant à mi-hauteur de ses mollets, est également différente de celle qu’il connaît. Elle forme un épais tapis blanc au ras du sol, l’empêchant de voir avec précision là où il met les pieds. Elle s’effiloche ensuite au fur et à mesure qu’elle s’élève dans l’air, jusqu’à ne devenir qu’un ensemble de nappes de brouillard plus ou moins denses qui envahit l’atmosphère. Au-dessus de lui, le ciel est aussi terne et gris que celui de la capitale. Il avait cru – espéré ? – apercevoir le soleil en sortant de la cité, mais ne distingue rien qui pourrait ressembler à la boule phosphorescente dont il avait, plus jeune, souvent regardé des holos sur le Réseau.

Le reste du paysage, désolé, est de la même couleur grise et uniforme. Partout, des immeubles se sont fracassés, écroulés, répandant sur des centaines de mètres autour d’eux des tonnes de blocs de béton et de ferrailles tordues. D’antiques chars de guerre blindés et ce qu’il reste d’appareils volants – navettes arborant les étoiles de l’ancienne Europe et autres rotors déglingués – gisent à divers endroits, enchevêtrés les uns aux autres, derniers vestiges des combats qui ont eu lieu ici, des dizaines d’années auparavant.

Enfin, de la même manière que dans les bas-fonds de Paris, des milliers et des milliers de squelettes blanchis par le temps ont été entassés les uns sur les autres, formant à perte de vue des dizaines, des centaines de monticules macabres.

Il ne voit aucun mouvement.

La main rendue douloureuse à force d’être crispée sur le tireur caché dans sa poche, Gabriel se tourne en direction de l’église de Pantin et s’en approche lentement, l’œil aux aguets.

Il atteint les marches au bout de quelques minutes, puis s’arrête et regarde à nouveau tout autour de lui.

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